dimanche 14 juin 2009

Un cheval, une souris et un cinéaste


Vous connaissez Danger Mouse ? Non ?? Mais si, vous le connaissez : co-producteur du Demon Days de Gorillaz au coté de Damon albarn, moitié de Gnarls Barkley et donc auteur du tube Crazy. Voilà pour ces projets les plus connus. Ce bonhomme là c’est avant tout fait connaître au début des années 2000, par un album concept : le Grey Album, reprise des a capellas du Black Album de Jay-Z et du White Album des Beatles. Remettant en question les notions de droits d’auteurs et de créations musicales en proposant une œuvre nouvelle à l’identité propre et pourtant ouvertement constituée de samples reconnaissables. Et comme un geste précurseur ne vient pas seul, il le proposait gratuitement sur les plates formes de peer-to-peer, se protégeant ainsi des foudres d’EMI ayant droit des Beetles qui ne pouvait lui reprocher de se faire de l’argent sur leur dos.

Remercions au passage EMI et leurs grands mouvements de bras dans le vide, pour avoir mis en lumière ce talentueux producteur, et merci encore à EMI, pour avoir ériger au rang de mythe l’album remettant en question la façon de faire de la musique et de la distribuer, et merci encore une fois EMI, par ce comportement réactionnaire et protectionniste, d’avoir soulever le voile sur le malaise qui est celui des majors aujourd’hui...

Mais méfiez-vous, ces géants industriels sont rancuniers et capables du pire (et plus rarement du meilleurs…): aujourd’hui il empêche la mise en vente du dernier album issue d’un collaboration avec Danger Mouse : Le projet Dark Night Of The Soul réunit les ballades pop, noires et torturés de SparkleHorse, le talent de production de DangerMouse, permettant comme toujours à la création musicale et sans concession d’atteindre les sphères populaires, offrant à tout à chacun de profiter de la bonne musique, et la vision parabolique et étrange du cinéaste David Lynch pour la mise en image de l’album pour une exposition.

Du coup, remercions encore EMI, car l’album est en téléchargement gratuit et légal, et nous pouvons nous pencher ainsi sur l’un des projets artistiques les plus enthousiasmant de l’année. Je ne vais donc pas m’étendre sur l’album en question, assez grand que vous êtes pour vous en faire votre propre idée, sachez tout de même que vous y croiserez, entre autre, Iggy Pop, Suzanne Vega, Julian Casablancas des Strokes et bien sur David Lynch. Pour les amoureux de l’objet un coffret réunissant les photos de Lynch pour l’exposition sera disponible. Ce coffret sera accompagné d’un cd vierge que vous pourrez utiliser comme bon vous semble…

Dark Night Of The Soul, à télécharger ici, ça serait dommage de le louper, pour une fois que se tirer une balle dans le pied sonne si joliment... merci encore EMI de te flageler de la sorte...

dimanche 7 juin 2009

Krazy Baldhead, The B-Suite

L’âge d’or de l’electro français version 2.0 c’est aujourd’hui et ceci grâce à l’avènement de groupe comme Justice ou de leur label Ed Banger. Les mauvaises langues pourraient plutôt parler d’une french touch 1.2 plutôt que 2.0 tant cette génération est affiliée à l’ancienne de part sa descendance revendiquée à Daft Punk (le directeur de label d’Edbanger, Pedro Winter, étant le manager de Daft Punk).
Mais Ed Banger vient lui-même tordre la langue de ses détracteurs (dont je pouvais faire partie…), avec la sortie de B-Suite de Krazy Baldhead. Pas plus touché que ça par le son Edbanger, je dois admettre que je suis complètement passé à coté des sorties maxi de ce bonhomme qui pourtant, avec le recul, aurait du chatouiller mes oreilles.

Krazy Baldhead est un peu le signe noir d’Edbanger : Noir parce que au milieu du reste de la volaille immaculée de la lumière du succès du label, il fait un peu à part, et signe car il a quand même toute sa place dans le bassin d’Edbanger !

B-Suite est composé de quatre mouvements eux-mêmes divisés en partie. Structure d’album rappelant les compostions de musique classique, dont le « suite » du titre rappelle l’affiliation. Il est donc question dans ce disque de mouvement en effet, la musique de Krazy Baldhead évolue sans cesse, se module, s’enrichie de couches sonores, se fait, se défait, des structures rythmiques qui accélèrent ralentissent se déstructurent, transitent, d’un thème à un autre…
On a ainsi un album dont les constructions complexes le rapprochent du jazz (sans l’improvisation) ou du rock progressif. Alors oui, l’album est cérébral, néanmoins, c’est une « suite » et une suite c’est « une musique qui appelle à la danse » ! (5 morceaux en écoute dans le player ci-dessous).

La musique de Krazy est un Hip Hop électro glitchy (les glitches sont des sons « non musicaux », des bruits). Une musique proche du feu d’artifices, des sons qui montent et qui explosent dans des couleurs vives contrastant évidemment avec la nuit qui sert de toile (mouvement 1 part 4, Saturnication). Il y a aussi du funk dans cette musique (Time feat le MC Tes et cette clarinette complètement entêtante, Sweet Night feat Outlines, le tube funk), du funk comme a pu le faire Jamie Lidell sur son album Multiply : appropriation du style, de l’essence même du funk, et passé au filtres des machines en évitant une transposition des gimmicks et des clichés.

On là un excellent album d’électro hip hop avec un souci de la composition musicale pointilleux mais capable aussi de créer un terrain de jeux pour le plaisir de ses invités (les MC japonais Big-O et Mlle Yullia sur Katana Powa, ou Beat Assaillant sur le morceau de conclusion). Et c’est peut-être avec cette album que la French Touch 2.0 est passé du concept marketing à la réalité musicale !