dimanche 29 novembre 2009

Dieu En Personne de Marc-Antoine Mathieu

ça commence par un recensement civil. Longue file d’attente patiente et docile. Chacun attend son tour pour donner nom, prénom et matricule à un homme austère, remplissant à la plume son registre de ses précieuses informations.

-« ha c’est intéressant. Ainsi si vous n’avez ni numéro de matricule, ni inscription au service de sécurité »

« ... c’est à croire que vous n’existez pas !»

-« A défaut de papier d’identité j’ai une identité : Dieu DIEU. Mais en général on m’appelle DIEU tout court »

Voilà comment commence le nouveau livre de Marc-Antoine Mathieu : Dieu En Personne.

Après la surprise et l’incrédulité, il a bien fallut s’en assurer. Test psychologique, question scientifique, et révélation métaphysique. Pas de doute il est parmi nous, Dieu en personne.

E puis les plaintes ont commencés ; Dieu, créateur du Monde et de toute chose, a évidemment fait des insatisfaits...

S’ensuit procès, avocats, frais d’avocats... Mais Dieu est insolvable, alors on doit créer une marque « DIEU » ou DIEU ou peut être DIEU. Marketing, produits dérivés, sous-culture, cotation en bourse.... Le schéma classique de notre société de consommation.

Marc-Antoine Mathieu décrit ainsi notre société consumériste, comment elle s’accapare toute chose, concept idée pour en faire un produit de consommation, démontrant que le crédo actuel n’est pas de croire pour être mais bien de consommer.

En plus d’observer notre société de consommation à l’œuvre, Marc-Antoine Mathieu propose toute une réflexion sur Dieu en lui-même. Dieu en tant que concept, Dieu entant qu’être suprême, Dieu impulsion, Dieu causalité...

L’histoire est portée par le dessin et l’univers de Marc-Antoine Mathieu. Dans des planches blanches, grises et au noir intense, l’univers de Marc-Antoine Mathieu sied très bien au récit. Cité en ordre, architecture gigantesque tirée à la règle, loi, ordre règne sans partage dans l’austérité et le non-sens, très proche de l’univers d’une autre de ses excellentes séries « Julius Corentin Aquesfactes ».

Dieu en Personne est un livre dense, poussant la réflexion à chaque page, où le moindre dialogue est riche de sens, Dieu en personne est une lecture dont on ne ressort pas indemne, les neurones stimulés. Et ce qui ne gâche rien, le tout est servi par de très planches au noirs intense dans lequel sombrer.

Dieu en Personne de Marc-Antoine Mathieu chez Delcourt

samedi 21 novembre 2009

The Music Scene par Blockhead

1996, le Hip Hop commence à se vautrer dans la fange, il a retourné sa veste et a rangé aux placards ses aspirations originelles, pris entre la caricature et le baroque. Heureusement, un vent nouveau quoique glacial, se lève sur le monde la musique : Endtroducing de DJ Shadow sort chez Mo’Wax. A l’aide de samples de morceaux dont certains au statu de trépassé, DJ Shadow sonne l’avènement d’un nouveau genre de musique : l’Abstract Hip Hop. Rythmique à 90 BPM, envergure orchestrale, composition cérébrale, beats déstructurés et surtout pas d’égo surdimensionné pour se la ramener ! Le Hip Hop se prend une claque salvatrice et vois son champs des possibilités s’ouvrir. (Notons tout de même qu’en 95 The Herbaliser sort aussi The Remedies…de quoi alimenter les débats sur la paternité de l’Abstract Hip Hop...).

Depuis beaucoup se sont frottés au genre, et beaucoup auront cru qu’il suffisait de piocher dans la discothèque de papa-maman et d’aligner les samples pour jouer au chef d’orchestre. Très peu y arrivèrent... : The Herbaliser, Shadow, RJD2, et Blockhead.


C’est donc de ce dernier dont je vais vous parler et de son 4ème album : The Music Scene (It's Raining Clouds en écoute sur le myspace).

Blockhead s’est fait remarqué en produisant pour des MC New Yorkais dont Aesop Rock pour l’excellent Labor Days, et s’est vu enrôler dans le Dojo Ninja Tune pour des albums uniquement instrumentaux. Tout commence avec Music By Cavelight dont le titre ne sera pas démenti par le contenu : musique évocatrice d’image, onirisme, ombre et lumière, hip hop et downtempo. Downtown Science confirmera et Uncle Tony’s Coloring Book surprendra par les sentiers plus dansants empruntés.


Blockhead nous revient donc avec The Music Scene. Dès les premières mesures on retrouve le sens de la composition de Blockhead : beats hip hop, ambiances sombres et mélancoliques, mais présentant toujours quelques touches de lumière. Des morceaux évolutifs aux thèmes variés, multiples et mouvants, changeant les ambiances et confrontant les sensations. Vous savez, le bord de mer, un lendemain de tempête, le vent est tombé, les vagues grondent encore de la violence de la veille, le ciel est gris, mais le soleil perce par endroit, révélant les couleurs. On a froid mais les rayons du soleil réchauffent…

En effet la musique de Blockhead se manifeste par ce don pour la contradiction, cette faculté à faire cohabiter la lourdeur d’une rythmique saturée, la tristesse d’un violon, et de douces envolées de cuivres ou de chœurs (le poignant Daily Routine, sur fond d’engueulade de toxicos ou encore Which One Of You Jerks Drank My Arnold Palmer et Attack The Doctor).

Alors oui, on à le droit à « some depressive shits » mais pas uniquement. En effet, l’aventure Uncle Tony a permis à Blockhead d’expérimenter des compositions, certes moins riches, mais plus joyeuses et dansantes. Il a ainsi capitalisé cet apprentissage pour élargir sa palette de productions : The Music Scene nous propose aussi des morceaux plus enjoués tel que Tricky Turtle, The Prettiest Sea Slug ou Pity Party.


Une autre des caractéristiques de Blockhead et qui s’affirme d’autant plus avec Music Scene, est ce côté intemporel. A la fois musique poussiéreuse, (le son du vinyle qui craque) et moderne (le downtempo, les claviers électro). Cet aspect est renforcé par ces ambiances mélancoliques qui planent au dessus de l’ensemble du disque (même au-dessus des morceaux plus joyeux, je pense à Hell Camp, avec ses amples de gamins autour d’un feu de camp, ou Four Walls avec son refrain AutoTune (ça ! ça aurait pu être catastrophique…)).

Intemporelle aussi grâce à cette invitation au voyage (très spleenienne finalement…) qu’est la musique de Blockhead. D’une part dans le temps, ce qui est propre à la mélancolie. Se côtoie nappes de violons classiques, chœurs de comédie musicales 50’s ou religieux (Attack The Doctor) samples de chanteurs soul, guitare folks, électriques ou pshyché (Farewell Spaceman), cuivres de jazz… Comme dans le morceau d’ouverture It's Raining Clouds qui commence par un downtempo soutenu a coup de scratch, puis délayé dans des chœurs, une flute sautillante et un clavecin pour s’en aller vers des cuivres et une clarinette tristement joyeuse pour finir sur un drum’n bass sous prozac…

Mais ce voyage a aussi lieu sur le globe avec par exemple Tricky Turtles commençant par un afrobeat, nous emmenant sans décalage vers une musique orientale ou sous la mer avec The Pretiest Sea Slug.


The Music Scene assoie ainsi Blockhead comme producteur essentiel, maniant le sampling avec talent, subtilité et inspiration, là où généralement les coups de ciseaux et de colles sont criards. Blockhead s’inscrit plus encore dans le cercle des musiciens qui savent construire et décliner un univers propre et immédiatement reconnaissable, foisonnant et stimulant sans jamais tomber dans la redite.


L'album est actuellement seulement disponible en version numérique un peu partout mais surtout directement sur le site de Ninja Tune et sort en version CD et vinyle début 2010.

mercredi 11 novembre 2009

Pachyderme de Frederik Peeters

Me voilà bien emmerdé ! Pachyderme de Frederik Peeters est une des bandes dessinées qui m’a le plus emballée cette année (je ne serais pas surpris de la voir au palmarès d’Angoulême). Et je ne sais pas comment en parler !

Ca serait un truc obscur, un truc d’avertis, d’initiés, qui demande une culture bande dessinée conséquente, pleine de références ou des connaissances théoriques sur les jeux autour de la forme. Le problème serait réglé !

Pachyderme n’est évidemment pas dénué d’intérêt sur les points que je viens de soulever (la forme Bande dessinée par exemple, le dessin et les couleurs), mais ce n’est pas uniquement ça. Frederik Peeters fait preuve tout au long de sa bibliographie d’un sens de l’accessibilité : que se soit l’autobiographique Pilules bleues, la science fiction de Lupus, ou le réalisme de R.G., les livres de Peeters sont « faciles ». J’entends par facile cette capacité à mettre entre les mains du grand public, de tout un chacun, une discipline artistique sans la dénaturer. Je pense également à Manu Larcenet qui, lui aussi sait montrer les possibilités de son média de prédilection.

Pachyderme ne déroge pas.

Tout commence, dans un Genève d’après guerre, par Carice, notre héroïne, bloquée sur la route à cause d’un pachyderme qui a été renversé… Son mari est à l’hôpital et elle veut le rejoindre.

Le lecteur est ainsi prévenu, le récit sera fantastique ou sur une échelle de rationalité différente : réel, illusion et rêves sont entremêlés.

Il va être difficile d’en dire plus sans gâcher le plaisir de lecture. Car à l’instar d’un film de David Lynch, l’avancé dans le récit se fait à l’aveugle, on y croise des signes, des symboles, qui n’ont pas plus de sens pour les protagonistes que pour le lecteur (quoique le « P » manquant à Carice pour faire Caprice est déjà un début…).

Mais contrairement à un film de Lynch, et grâce au support bande dessinée lui-même, le décodage est aisé, on peut revenir en arrière, confirmer des choses croisées et comprendre leur signification. Frederik Peeters nous balade ainsi entre récit d’espionnage, introspection, auto-psychanalyse, dans un récit à tiroirs entre passé et présent, entre réalité et songe.

Alors voilà, on referme le livre, on a compris des choses, on a réussi à déchiffrer quelques symboles, des réponses ont surgi grâce à un jeu subtil de signes qui se répondent, d’indices dissimulés ici et là. Mais le voile n’est pas entièrement levé, on ressent une étrange sensation, finalement très proche de la couverture du livre : un vertige figé, et on a qu’une seule envie c’est d’y replonger… à la recherche de toutes les significations, même si l’on sait, que dans un rêve, il y a toujours une part d’impénétrable et que l’irrationnel est en soi une réponse…

dimanche 8 novembre 2009

Iswhat ?! is back !

Une des composantes du Hip Hop est le freestyle : un beat, et un MC qui improvise. Bien sûr, ce dernier a quelques phases bien senties qu’il a eu le temps de répéter devant sa glace une brosse à cheveux dans la main ! Mais la création instantanée, l’emballement de phrases sorties de la bouche alors qu’elles ne sont encore qu’images floues dans l’esprit sont des composantes de cette pratique bien réelles. Finalement tout ceci est proche du jazzman qui improvise à partir de thèmes écrits.
Ceci pour parler du troisième album de Iswhat ?!, Big Appetite.

Iswhat ?! est un groupe situé au carrefour du jazz et du hip hop. De part les membres qui le compose, originellement Napoleon Maddox, MC beat Boxeur et J. Walker saxophoniste de jazz, et de part les prestations live qu’ils proposent : festivals de jazz (notamment au côté de Archie Shepp) et salles de musiques actuelles. Après un premier album « You figure it out » sentant bon les séances d’improvisation, la spontanéité et la sincérité autour de ces deux disciplines, ramenant le hip hop vers ses origines avec fraicheur, Iswhat ?! avait confirmé son talent et son engagement avec « The life We chose », peut-être moins spontané et plus produit, mais réservant son lots de pépites telles que la reprise de Kashmir de Led Zep, et les excellents « Caskets », «Profile » et l’éponyme « The Life We Chose ».
Et c’est donc avec confiance et sérénité qu’on aborde ce troisième opus « Big Appetite ». Confiance et sérénité n’étant évidemment pas synonyme d’absence de surprise ! Car même si l’essence est la même, même si les protagonistes gravitent autour du groupe depuis les débuts (le batteur Hamid Drake, le contre bassiste Joe Fonda, le saxophoniste CoCheme’a), Iswhat ?! nous propose du neuf. Toujours jazz, toujours hip hop, toujours ces thèmes de cuivres envoutants, toujours ce groove. Mais l’ajout d’instrument comme le clavier sur « Homestead », d’une basse électrique (due au producteur Killa O, dorénavant membre à part entière du groupe) comme sur « Fanta », de samples (« Breeze », « Hungry ») et de scratch sur la plus part des morceaux, permettent d’appuyer le face Hip Hop de Iswhat ?!. Mais le jazz est toujours présent : les rythmiques riches, serrées mouvantes mais en douceur de Hamid Drake sont des vraies terrains de jeux pour les mélodies et les envolées de cuivres de J. Walker ou CoCheme’a, elles servent de labyrinthes aux phases de MCing de Napoleon Maddox et de ses invités (notamment Boogie bang et son flow qui « pop » les syllabes rappelant J-Live) dans lesquelles ils se faufilent avec classes et talent. Tout ceci nous donne droit à des purs moments de plaisir avec « Cake », « Luxury », « dig », « Hungry », parfaites illustrations du son Iswhat ?!.
Ainsi, avec le recul, « The live We Chose » pouvait hésiter entre le Hip Hop et le Jazz ; avec Big Appetite, le chemin est clairement tracé et Iswhat ?! a décidé d’appuyer fort sur les deux disciplines à la fois, rendant hommage à la Musique, de Miles Davis à Public Enemy en passant évidemment par Archie Shepp et KRS-One. Iswhat ?! affirme son identité propre et confirme son rôle de groupe majeur à la fois pour le Hip Hop et pour le Jazz. Big Appetite ?!
Mangez-en ! Et que la musique aille de l’avant !!!!!!

Quelques morceaux en écoute sur le Myspace d'Iswhat?!

Un concert à Glaz'Art Paris (Certains s'y reconnaitront....) filmé par Grandcrew

Discographie:
You Figure It Out
The Life We Chose
Phat Jam in Milano With Archie Shepp
Big Appetite

dimanche 4 octobre 2009

The Slew 100% (Free?!...)

télécharger "the Slew 100%" ici

Kid Koala est un des ces musiciens peu reconnu mais dont le talent est manifeste. D’une habilité incroyable aux platines, jouant du mange disque comme Jimi Hendrix envoutait sa guitare : Sur le fil du rasoir de la rythmique avec une approche novatrice et une technique géniale.

Kid Koala a versé ses premières années dans le hip hop, a fouillé les bacs des yardsales, bouffés la poussières des greniers comme tout bon DJ qui se respecte, à la recherche perpétuelle de ce que la musique a fait de mieux, et que les oreilles sérumenées des programmateurs radios ont dénigrée, pour nous les ressortir aux goûts du jour poussés par une bonne grosse rythmique Hip Hop. Fatalement, le destin d’un crate digger (fouilleur de bac) croise un jour ou l’autre l’histoire du Rock and Roll…


C’est sûrement autour de ça que la rencontre et l’envie à du naître entre Kid Koala et Dylan J. Frombach (Dynomite D) de faire un documentaire sur la musique rock psyché et d’en faire la bande son : le projet « The Slew »

Sauf que… sauf que le documentaire n’a jamais vu le jour, et qu’il a bien fallu faire quelque chose de toutes ces connaissances sur cette musique du diable, de cette histoire, de ces boucles de guitares, de ces rythmiques de grosses caisses qui ne demandaient qu’à ré-éclater des tympans !...

Mais heureusement, l’Entropie fait bien les choses, et d’un projet avorté en passant à une rythmique rock orpheline, the Slew renait de ses centres : Kid Koala et Dynomite D s’associent avec l’ancienne rythmique du groupe de Rock Australien WolfMother pour joué cette bande son. Pure condensé de rock gras, de blues suintant, de clins d’œil aux grand du Rock and Roll, The Slew nous propose un Abécédaire, une encyclopédie didactique et ludique des grandes années sex drogues et rock and roll.

Mais bien sur The Slew n’est pas uniquement là pour compiler l’héritage de Led Zep, de Jimi Hendrix, du Funkadelic ou de Black Sabbath. Sur une bonne rythmique, Kid Koala nous déverse des tonnes de scratchs comme des guitares qui saignent, décale ses samples, scratch en contre temps soufflant ainsi un vent dépoussiérant le Rock comme le Grunge et son étendard Nirvana l’avait fait à son époque.

Mais trêves de bavardages, mieux vaut une bonne écoute car, cachet de LSD sur le gâteau, The Slew est gratuit et téléchargeable légalement, prouvant une nouvelle fois que tout ce qui a de la valeur n’a pas forcément de prix...

dimanche 20 septembre 2009

Monkeys in town

Voici une petite vidéo "fait-maison": Suivi d'une séance d'affichage sauvage. Le thème de base concerne les animaux en voie de disparition et le but était de les intégrer grandeur nature dans un environnement urbain.
le montage est fait sur la music de Clutchy hopkins "Brother John".
ceci est donc la première vidéo du G.O.D. et je ne promets pas qu'il y en aura d'autre...


dimanche 23 août 2009

La Clinique

Le bureau, l’école, l’église, (le château), sont des lieux dont le statut institutionnel a supplanté leur nature première de bâtiment, leur conférant ainsi une aura étrange qui fait que l’évocation simple de leur nom fait naître en nous un sentiment de soumission : des organisations aux lois surnaturelles échappant à la logique, auxquelles nous nous exécutons et ceci sous une autorité arbitraire mais indiscutable.
Vincent vanoli y rajoute La Clinique.
Vanoli, dans un récit à la première personne, nous raconte l’histoire de Buddendorf. Ce monsieur tout-le-monde nous fait part de ses réflexions à la suite d’une convocation à La Clinique tout a fait étrange. Serait-il malade ? Lui qui se sent en bonne santé ! Serait-il atteint d’un mal dont il ne sentirait pas les symptômes ? Et de quelle nature est ce mal ? Il ne voit qu’une chose, un jour il a eu un comportement non conforme, une aspiration quelque peu déviante par rapport à la société que Vanoli nous dessine. Mais tellement sans conséquence !...
Nous suivons donc ce Mr Buddendorf rejoindre cette institution sans trop broncher.
Ainsi dans une ambiance kafkaïenne, à la fois pour le sujet traité et pour le dessin de Vanoli, on trouve notre pauvre Buddendorf dans un univers irrationnel, où pendant qu’un officiel le convainc de la vérité du mal et de la nécessité de son isolement, des hommes font rouler des pierres en haut d’une montagne alors qu’un téléphérique rouille à coté par manque d’utilité…

Dans cette clinique où l’absurde règne, on y voit une organisation capable d’écraser les aspirations d’un homme dans un conditionnement lent et pernicieux dont la légitimité est son seul statut institutionnel et donc d’officiel. Statut qui permet d’obtenir tout consentement et annihile la moindre prise de recul : Mr Buddendorf ne réfléchie plus…
Cette ambiance oppressante est servie par les dessins sombres et charbonneux de Vanoli, nous plongeons dans des décors vosgiens nous présentant des horizons bouchés par les montagnes et les sapins. Et l’absurdité de la situation de ce pauvre Buddendorf se manifeste par ce dessin expressionniste ou les perfectives sont faussées, les visages déformés, où les hachures détournent notre regard et l’absorbent vers des points de fuite.
Vanoli propose un livre dérangeant où la clinique rappelle sombrement le Château de Kafka, où la nature humaine, fragile et aliénable, a peu de chance face à l’institution œuvrant soi-disant pour sa plénitude. Mais où, on contraire de Buddendorf, l’absence de réponse nous amène à nous questionner : le livre refermé, le sens et le propos peuvent nous échapper, mais les symboles prégnant au long des pages (ces hommes poussant des pierres nous rappelant le supplice de Sisyphe) une fois décantés, apportent des réponses : Sommes-nous face à la théorie contraire d’Orange Mécanique, et ne pouvons espérer que le naturel revienne au gallot ? Ce livre est-il le remède de ce mal qui ronge les Buddendorfs que nous sommes ?...

dimanche 16 août 2009

Willie Isz's comming!

La schizophrénie est un symptôme récurrent dans le monde du Hip Hop (Madlib, pour n’en citer qu’un), et la voilà qui frappe encore avec cette sortie de Willie Isz : Cette entité est composée du producteur-rappeur Jneiro Jarel et du Rappeur Khujo Goodie issu du Goodie Mob d’Atlanta. Et pourquoi schizophrène ? Parce que nouveau projet de Jneiro Jarel l’homme aux multiples alias : Dr Who Dat ?, Shape Of Broad Mind (groupe composé de 7 personnes dont 4 alter-ego de Jneiro Jarel), et aujourd’hui Willie Isz.

La schizophrénie, pour aller vite, se traduit par une fragmentation de l’esprit pouvant amener à des manifestations de personnalités différentes. On s’attend donc, connaissant le J.J., pour qui la multiplication des alias n’est pas une coquetterie, à ce qu’il batte des sentiers nouveaux. Et voilà la première surprise de ce Georgiavania : J.J. emmène le flow grave, rageur, sec et rythmé de Khujo Goodie sur l’autoroute du mainstream en allant retourner les codes du Hip Hop du Sud USA (Crunk, dirty South) et du R’nB… Néanmoins terrain nouveau pour le producteur !

Alors que le gros mot « mainstream » est lâché, le doute et le scepticisme pourraient pointer et nous permettre de nous complaire dans la critique des producteurs « vendant leur cul aux majors pour des ronds ». ça aurait été trop facile ! Car en effet, en plus d’être signé chez l’indépendant Lex, un temps affilié au label électro Warp (Squarepusher, Prefuse 73, ou aujourd’hui, Clark, Bibio et Pivot), ce Georgiavania ne se vautre pas dans la simplicité.
On pense ici un peu au Ghetto Pop Life de Danger Mouse et Jemini, pour la qualité du résultat, même si ces derniers sublimaient les clichés du Ghetto Hip Hop alors que Georgiavania les retourne.
Concrètement, J.J. s’attaque donc au Hip Hop sudiste avec le morceau « Georgiavania » qui se moque allègrement de Souljah Boy, mais y incorpore aussi un peu de New Wave sur des titres
tels que « Loner », « You want some » et ne manque pas de s’aventurer dans le R’nB avec « Prepare For It » ou « Violet Heart Box ».

Le disque alterne morceaux efficaces et immédiats tels que les raps « Blast Off », « Gawn Jet », « you Want Some », le surprenant « The Grussle » et sa ritournelle de violon Irlandais, et avec des morceaux moins directs, de part les styles qu’ils abordent : le New Wave « Loner » les R’nB « Prepare For It », avec son intro presque rédhibitoire pour moi, mais lorgnant du coté du Spiritual, avec des harmonies de chants d’église chantés par des ganstas barytons très surprenants, et le « Violet Heart Box » avec son refrain à la Prince et son instru arythmique.

Malgré les différentes orientations musicales qu’il emprunte, deux éléments clés lui donnent cohérence : le son aquatique et particulier de J.J. et une forte présence d’harmonies chantées tout au long du disque. En effet, les instrus, quoique riches, sont plus simples (« Georgiavania » ) que ce que J.J. a pu produire sur ses autres projets. Elles permettent de laisser place tout d’abord au flow grave, rapide et énervé de Khujo Goodie, pièce maitresse de cet album, ainsi que ceux de J.J.. J.J. affirmant aussi son envie de chanter déjà manifeste sur quelques morceaux de « Craft of The Lost Art » de « Shape Of Broad Mind ». Ensuite, l’espace laissé par les instrus permet à une multitude de pistes vocales et leurs harmoniques de s’exprimer rappellant un peu le travail de TV On The Radio (dont on retrouve justement le chanteur, Tunde Adebimpe sur plusieurs chœurs…). Et c’est grâce à ces harmoniques que les morceaux prennent du relief et gagnent en intérêt (« I Didn’t Mean To… », le final de « Prepare For It »).
On a devant nous un album surprenant s’aventurant dans des styles assez loin de Jneiro Jarel et de Khujo Goodie et donc de leurs auditeurs. On se retrouve donc devant des morceaux qui peuvent rebouter au premier abord, mais l’alternance judicieuse des styles empruntés assure une présence suffisamment récurrente de titres immédiats et de qualité. Le disque se retrouve ainsi à tourner sur la platine et on se laisse embarquer dans des morceaux a priori hostiles et à découvrir des idées subtiles, nous proposant des genres sclérosés sous un nouveau jour.

En écoute sur leur myspace: The Grussle, Gawn Jet, Blast Off et You Want Some?

dimanche 14 juin 2009

Un cheval, une souris et un cinéaste


Vous connaissez Danger Mouse ? Non ?? Mais si, vous le connaissez : co-producteur du Demon Days de Gorillaz au coté de Damon albarn, moitié de Gnarls Barkley et donc auteur du tube Crazy. Voilà pour ces projets les plus connus. Ce bonhomme là c’est avant tout fait connaître au début des années 2000, par un album concept : le Grey Album, reprise des a capellas du Black Album de Jay-Z et du White Album des Beatles. Remettant en question les notions de droits d’auteurs et de créations musicales en proposant une œuvre nouvelle à l’identité propre et pourtant ouvertement constituée de samples reconnaissables. Et comme un geste précurseur ne vient pas seul, il le proposait gratuitement sur les plates formes de peer-to-peer, se protégeant ainsi des foudres d’EMI ayant droit des Beetles qui ne pouvait lui reprocher de se faire de l’argent sur leur dos.

Remercions au passage EMI et leurs grands mouvements de bras dans le vide, pour avoir mis en lumière ce talentueux producteur, et merci encore à EMI, pour avoir ériger au rang de mythe l’album remettant en question la façon de faire de la musique et de la distribuer, et merci encore une fois EMI, par ce comportement réactionnaire et protectionniste, d’avoir soulever le voile sur le malaise qui est celui des majors aujourd’hui...

Mais méfiez-vous, ces géants industriels sont rancuniers et capables du pire (et plus rarement du meilleurs…): aujourd’hui il empêche la mise en vente du dernier album issue d’un collaboration avec Danger Mouse : Le projet Dark Night Of The Soul réunit les ballades pop, noires et torturés de SparkleHorse, le talent de production de DangerMouse, permettant comme toujours à la création musicale et sans concession d’atteindre les sphères populaires, offrant à tout à chacun de profiter de la bonne musique, et la vision parabolique et étrange du cinéaste David Lynch pour la mise en image de l’album pour une exposition.

Du coup, remercions encore EMI, car l’album est en téléchargement gratuit et légal, et nous pouvons nous pencher ainsi sur l’un des projets artistiques les plus enthousiasmant de l’année. Je ne vais donc pas m’étendre sur l’album en question, assez grand que vous êtes pour vous en faire votre propre idée, sachez tout de même que vous y croiserez, entre autre, Iggy Pop, Suzanne Vega, Julian Casablancas des Strokes et bien sur David Lynch. Pour les amoureux de l’objet un coffret réunissant les photos de Lynch pour l’exposition sera disponible. Ce coffret sera accompagné d’un cd vierge que vous pourrez utiliser comme bon vous semble…

Dark Night Of The Soul, à télécharger ici, ça serait dommage de le louper, pour une fois que se tirer une balle dans le pied sonne si joliment... merci encore EMI de te flageler de la sorte...

dimanche 7 juin 2009

Krazy Baldhead, The B-Suite

L’âge d’or de l’electro français version 2.0 c’est aujourd’hui et ceci grâce à l’avènement de groupe comme Justice ou de leur label Ed Banger. Les mauvaises langues pourraient plutôt parler d’une french touch 1.2 plutôt que 2.0 tant cette génération est affiliée à l’ancienne de part sa descendance revendiquée à Daft Punk (le directeur de label d’Edbanger, Pedro Winter, étant le manager de Daft Punk).
Mais Ed Banger vient lui-même tordre la langue de ses détracteurs (dont je pouvais faire partie…), avec la sortie de B-Suite de Krazy Baldhead. Pas plus touché que ça par le son Edbanger, je dois admettre que je suis complètement passé à coté des sorties maxi de ce bonhomme qui pourtant, avec le recul, aurait du chatouiller mes oreilles.

Krazy Baldhead est un peu le signe noir d’Edbanger : Noir parce que au milieu du reste de la volaille immaculée de la lumière du succès du label, il fait un peu à part, et signe car il a quand même toute sa place dans le bassin d’Edbanger !

B-Suite est composé de quatre mouvements eux-mêmes divisés en partie. Structure d’album rappelant les compostions de musique classique, dont le « suite » du titre rappelle l’affiliation. Il est donc question dans ce disque de mouvement en effet, la musique de Krazy Baldhead évolue sans cesse, se module, s’enrichie de couches sonores, se fait, se défait, des structures rythmiques qui accélèrent ralentissent se déstructurent, transitent, d’un thème à un autre…
On a ainsi un album dont les constructions complexes le rapprochent du jazz (sans l’improvisation) ou du rock progressif. Alors oui, l’album est cérébral, néanmoins, c’est une « suite » et une suite c’est « une musique qui appelle à la danse » ! (5 morceaux en écoute dans le player ci-dessous).

La musique de Krazy est un Hip Hop électro glitchy (les glitches sont des sons « non musicaux », des bruits). Une musique proche du feu d’artifices, des sons qui montent et qui explosent dans des couleurs vives contrastant évidemment avec la nuit qui sert de toile (mouvement 1 part 4, Saturnication). Il y a aussi du funk dans cette musique (Time feat le MC Tes et cette clarinette complètement entêtante, Sweet Night feat Outlines, le tube funk), du funk comme a pu le faire Jamie Lidell sur son album Multiply : appropriation du style, de l’essence même du funk, et passé au filtres des machines en évitant une transposition des gimmicks et des clichés.

On là un excellent album d’électro hip hop avec un souci de la composition musicale pointilleux mais capable aussi de créer un terrain de jeux pour le plaisir de ses invités (les MC japonais Big-O et Mlle Yullia sur Katana Powa, ou Beat Assaillant sur le morceau de conclusion). Et c’est peut-être avec cette album que la French Touch 2.0 est passé du concept marketing à la réalité musicale !

mardi 21 avril 2009

LES DEBUTS DE LA TECHNO

Bha voila! G trouvé cette petite série de vidéo sur Detroit et les débuts de la techno particulièrement instructif.
Je vous fais partager ce mini coup de cœur, pk quand c bon faut pas le garder pour soi...
Le format est court, facile d'accès je vous encourage donc à visionner ces liens pour en savoir plus sur l'histoire de cette musique et ces origines sociales, et l'esprit old school des pionniers du genre...











dimanche 19 avril 2009

From London To Addis Abeba

The Heliocentrics and Mulatu Astatke


Quand je repense à Broken Flower de Jim Jarmush, ce n’est pas la prestation de Bill Murray (pourtant pleine de malice et de mélancolie) qui me revient à l’esprit, mais belle et bien la BO qui vient trotter dans ma tête ; des mélodies épurées, riches et atypiques évoquant toute sorte de styles musicaux (reggae, funk, orientale, jazz) mais sonnant comme aucun : le jazz éthiopien.

En plus de prouver une nouvelle fois qu’une démarche artistique est encrée dans une histoire, et se référence à d’autres œuvres et artistes, le film de Jarmush aura donc permis de faire (re)découvrir le jazz éthiopien de Mulatu Astatke et les classiques que sont Yekermo Sew et Yegelle Tezeta (composés entre 1972 et 1974). (Je me dois de citer aussi les compilations « Ethiopiques » qui ont compiler le travail de Mulatu Astatke et de bien d’autres musiciens des années swinging Addis).
En écoute sur son myspace


Strut, un label allemand a eu la bonne idée d’illustrer l’idée que je viens d’évoquer en créant des rencontres entre des artistes dont le talent n’est plus à prouver et d’autres, plus contemporain, se revendiquant d’influence : la série des Inspiration Information (Amp Fiddler et Sly And Robbie ou Ashley Beedle et Horace Andy).


Je vais donc vous parler du 3ème volume de cette série, la rencontre entre Mulatu Astatke et The Heliocentrics. The Heliocentrics est un groupe anglais composé de musiciens venant d’horizon différents mais ayant comme point commun de jouer du jazz mais hors des sentiers battus des clubs de jazz (quoique, il ne reste que Télérama pour croire que le jazz se joue encore dans les clubs de jazz…) : On les retrouve dans les sphère de Madlib (sur Shade of Blues), DJ Shadow, The Herbaliser, Connie Price and the Keys StonesThe Heliocentrics fait une musique aux confins du Hip Hop, du (free) jazz de l’électro, du psyché, de la musique ethnique. Et tout ça en gardant à l’esprit la référence de leur nom au travail de Sun Ra, pianiste de jazz « solaire »…




et à télécharger
ici (clic droit enregistrer sous)


Alors qu’on aurait pu craindre un choc des générations, la magie opère, et Mulatu Astatke and The Heliocentrics nous servent une musique alchimique, où les productions rythmiques et urbaines des anglais rehaussent les mélodies chaudes, simples et enivrantes de la musique éthiopienne. Les tensions de The Heliocentrics retombent sous les ondulations des cuivres et du vibraphone éthiopiens, hypnotisant comme des mirages de chaleur, comme quand enfin tombe la pluie et l’orage sur le béton chaud des villes, larguant cette électricité qu’on redoutait et souhaitait à la fois (la reprise de Dewel, Addis Black Widow).
Ils nous donnent des compositions mouvantes, n'ayant pas peur de se détourner de la construction des mesures précédentes en repartant vers d'autres directions, quittant brusquement une ritournelle et des percussions éthiopiennes pour une rythmique Hip Hop et des guitares saturées, cela sans dénaturer le paysage; comme les immeubles d'Addis Abeba appairassant au détour d'une dune après un périple dans le désert.


Par respect pour les anciens, on dira Mulatu And the Heliocentrics, pourtant quand on se penche plus attentivement, on ne peut s’empêcher de trouver Mulatu assez discret, voire fantomatique : peut-être parce qu’il n’intervient pas dans la composition et la performance de tous les morceaux. Mais son nom ne pourrait être retiré tant sa musique hante chacune des mesures de l’album (Phantom Of The Panther ou Fire In The Zoo par exemple). Mulatu ramène ainsi les pieds de The Heliocentrics sur terre et les empêche de se perdre dans une musique trop expérimentale qui pourrait en devenir hermétique et austère.


Ainsi Inspiration Information Vol.3 naviguent entre les sons expérimentaux de Heliocentrics et les mélodies entêtantes et chaleureuse du jazz de Mulatu Astatke explosant le carcan de la prise direct que le jazz croit être sa liberté en s’offrant un travail de post production de qualité, retravaillant les sons, faisant sonner les guitares comme des barbelés et les flutes éthiopiennes comme des instruments amplifiés, et ceci entre un solo de violoncelle désarmant, une harpe chinoise ou des nappes de clavier Moog.


Mulatu Astatke And The Heliocentrics nous servent ainsi un grand disque s’inscrivant dans un large contexte de l’histoire de la musique, nous montrant que pour aller de l’avant il faut connaître l’histoire de son domaine, affirmant qu’hommage et collaboration ne riment pas nécessairement avec répétition.

En video Mulatu Astatke and the Heliocentrics reprenant Yekermo Sew et Yegelle Tezeta.





dimanche 12 avril 2009

FREEHoudini MIxtape


The FREEHoudini Mixtape by Themselves

Fin des années 90, DJ Shadow répondait à la question « Why Hip Hop sucks ?» par un « it’s the money… ». Mais déjà dans la baie de San Francisco, des petits blancs considérés comme illégitime par le business Hip Hop à cause de la pâleur de leur peau rodait des punchlines dans des hip hop contest beaucoup moins racistes que l’industrie le laissait penser.

Ces petits gars sont les prémices du Label Anticon qui s’évertuait à retransformer l’or en plomb, à retrouver le fond brut du Hip Hop sous une forme nouvelle, plus noire, plus rock, plus emo diront certains. Themselves est surement le groupe le plus emblématique de mouvement : un MC à la voix nasillard mais à la rythmique super sonique et Jel producteur poussant à bout le limites de sa MPC avec des productions saturées de nappes froides et de rythmiques déstructurées.

Et puis conscient des limites du duo, suivi par de trop nombreux prétendants dans la brèche qu’ils avaient ouverts, ils sont parti, vers d’autres terres musicales avec d’autres musiciens voir si par hasard on pouvait pousser plus loin l’alliance entre la pop et le Hip Hop (pas pop dans le sens « populaire » comme le fait Kanye West, mais pop dans le sens « Beatles » de la chose) : les Subtle et 13 and God (en compagnie des allemand de Notwist).


Mais voilà, comme une rechute, Themselves revient titiller le Hip Hop, révéler les symptômes d’un Hip Hop se disant novateur mais tournant en rond depuis quelques années (les productions Hip Hop d’Anticon ne déchainent plus les passions mais gardent pourtant cette posture avant-gardiste). Alors les voilà qui reviennent à la base, avec une Mixtape, dans la pure tradition des old days du genre.


Mais évidemment, cette mixtape contient son lot de nouvelles productions, de freestyles et d’invités (Aesop Rock, Busdriver, Sole, Why ?, Buck 65,…) : le talent des deux protagonistes étant suffisamment large, ils sont donc capables de proposer des musiques mettant à l’aise leurs invités, qui se servent donc pas de faire valoir à des ex « stars de l'underground» mais bien dans le but de faire des morceaux collaboratifs. Ainsi les sons classiques de themselves (rythmiques bancales et décalés, nappes de synthé atmosphériques,…) servent de terreaux propices aux jeux des invités et aux textes tout en allitérations et assonances, tranchants comme une rythmiques serrée de Charley de Dose One et mettent en relief le talent de tous.

Themselves est donc de retour, fidèle à sa ligne directrice, mais plus insicif et musical moins brouillons et moins autistes avec l'apport de ses invités venus d'univers différents. Et évidemment, on attends maintenant l'album qui devrait suivre d'ici quelques mois.
Et comme c’est une mixtape ça circule sous le manteau et c’est gratuit…. Et ça, ça fait chier l’HADOPI !!!!


En téléchargement ici ou en cliquant sur le titre de ce post.


Behind the Mic from anticon. on Vimeo.

lundi 23 mars 2009

Dans Mes Yeux de Bastien Vivès

Je crois que vous avez compris que la bande dessinée est un domaine culturel qui me tient particulièrement à cœur. Les livres que je vous ai présentés ici peuvent paraître un peu austère par la forme vis-à-vis des standards rependus : le noir et blanc contre la couleur, des dessins expressifs mais loin du réalisme, une certaine maîtrise de la lecture d’une image, et des thèmes abordés loin des pontifes des histoires divertissantes de la bande dessinée grand public.
Derrière ce constat se cache une certaine frustration : celle de ne pas vous avoir proposer d’œuvre permettant de faire pont entre l’amusement teinté de nostalgie, rappelant les sensations enfantines des livres d’images, et l’expérience pluridimensionnelle de la lecture d’une œuvre. L’association du texte et de l’image, et leur déroulement proposant des possibilités toute autres que la littérature ou le cinéma (genres dont la bande dessinée est souvent vu comme un ersatz).

Je vais donc vous parler d’un livre tout en couleur qui aborde un thème cher à chacun, l’histoire d’amour ; Dans Mes Yeux de Bastien Vivès.
Tout d’abord, pour mettre les choses aux clairs, ce livre n’est évidemment pas exempt de défauts : premièrement une couverture que je trouve assez hideuse, des textes un peu plat, et quelques scènes dispensables. Mais ça mis de côté, ça reste un ouvrage plein de charme…

Dans mes yeux est une histoire narrant la naissance d’un amour entre deux personnages dont finalement nous ne saurons pas grand chose. Une des caractéristiques essentielles du récit est qu’il soit en vue subjective, c’est à dire que nous sommes les yeux du personnage principal. Il est assez drôle, finalement, de rapprocher la lecture de ce livre à l’expérience du jeux vidéo. A une différence près tout de même, alors que dans un jeux vidéo nous maitrisons les déambulations de notre avatar virtuel, Bastien Vivès nous impose les péripéties mais nous laisse maître du discours : Seule les paroles de la douce sont transcrites et notre imagination décide de la réparti de l’épris.

Le récit est une succession de scènes pleines de futilité : de la rencontre à la bibliothèque, à une soirée des plus banales, en passant par une sortie ciné. Les échanges par la paroles sont du même acabit : ils parlent de tout et surtout de rien.
Ces non-événements permettent à Bastien Vivès de mettre l’accent sur la perception presque mystique qu’on peut avoir de l’autre, cet attrait inexplicable et sans raison que nous pouvons avoir pour quelqu’un. En fait, l’auteur, nous mettant dans la peau du personnage principal, nous faisant vivre une histoire qui concrètement n’est pas la notre, nous permet de comprendre cette magie.

Bastien Vivès s’attarde sur les gestes et les mouvements et arrive avec quelques crayons de couleurs accentués de fins traits noirs à faire respirer la page de la sensualité de la belle. L’outil de dessin évitant toute interprétation purement physique du personnage féminin, on ne peut la trouver belle que par son charme et sa gestuelle, nous évitant ainsi les écueils de la plastique pure. On se laisse aussi embarqué par les jeux de regards qu’ils se portent, et évidemment de l’effet qu’ils peuvent avoir sur notre personnage… Ainsi, l’on comprend comment avec si peu, ce jeune homme se trouve séduit, et même si l’on ne sait rien de son ressentie à elle, on imagine très vite que de son coté l’histoire est en tout point comparable…

Dans Mes Yeux est donc un livre simple, un aparté réjouissant d’un jeune auteur très prometteur. Et pour revenir à mon introduction, il me semble faire parti de ses œuvres qu’on offre au gens pour ouvrir les champs de la curiosité, celles qui font passer des aprioris primaires à la découverte des possibles d’un média.

Dans Mes Yeux de Bastien Vivès chez KSTR

samedi 14 mars 2009

Video Sampling

Kutiman musicien toutche-à-tout, laisse ses instruments de côté, et sample youtube pour le faire sonner funky....

vendredi 13 mars 2009

Cover Me Good (podcast)

La tradition de la reprise est vieille comme la musique, que se soit dans la musique traditionnelle ou plus évidemment dans le classique, dont c’est finalement le moyen de perdurer. Pas de reprise de Bach, pas de Bach. Ensuite on peut évidemment discuter de la pertinence de reprendre une chanson dont l’œuvre originale existe et peut être écoutée. J’admets que dans la plupart des cas, musicalement ça n’apporte rien et qu’on nous ressert au mieux une copie presque respectable par rapport à l’œuvre originale. Mais ça a au moins l’honnêteté de revendiquer ses influences et de rendre hommage. Contrairement au pillage et plagiat incessant de nos musiques radiodiffusées : de Madonna à Coldplay (taper Coldplay et Satriani, sur youtube et vous serez surpris…) soutenant mordicus que c’est de la création pure. Les mêmes qui généralement n’hésitent pas à sortir leur armée d’avocats lorsque qu’une demie mesure d’un de leurs morceaux est samplé. Mais c’est un autre sujet !

Donc, comme vous l’aurez compris, ce podcast est consacré aux reprises.(téléchargement ici). Et suite à ce que je viens de dire, je me dois d’avouer que j’ai piqué l’idée à Stones Throw qui nous avait sorti un podcast des pires reprises…


Premier morceau : On commence avec Sun Ra and The Blue Project reprenant le fameux thème de Batman. Sun Ra (1914-1993) est un pianiste de jazz solaire psychédélique et stellaire dont les compositions hallucinées en ont inspiré plus d’un. Ce morceau vient d’un disque édité en 1966 par un fabricant de jouet surfant sur la vague de la série Batman & Robin. Sun Ra et le Blue Project n’était pas directement crédité, mais se cachait sous le pseudo de The Sensational Guitars of Dan and Dale (plus de détails et téléchargement complet de l’album sur
cette page de Vibrations).

On passe ensuite à I Can’t Get No Sastisfaction par The Incredible Bongo Band, reprise du tube planétaire des Rolling Stones. En 1972, un producteur de la MGM quelque peu jaloux de la déferlante blaxploitation lance un super groupe préfabriqué de blanc qui pourtant écrira une page importante de la musique noire : dès que vous entendez des bongos sur un morceau de hip hop, il y a forte chance qu’ils viennent des IBB, et puis le fameux Apache, morceau indispensable à tous Battle de dance Hip Hop. On y retrouve John Lennon et Ringo Starr, un des batteurs de Eric Clapton, et une section de percu afro-cubaine solide.


Public Enemy, groupe phare du Hip Hop du début des années 90, est ici repris par le non moins éminent Pharaohe Monch, rappeur de talent qui a débuté au sein de Organized Konfusion, capable de retourner une salle comme personne : victorieux par KO de toutes les scènes qu’il croise ! Il reprend le classique Welcome To The Terrordrome sur fond de guerre de en Irak. Hommage évident !


Alors que la plupart des gens pensent que Feeling Good est un morceau de Muse je profite de l’occasion pour rendre à Nina Simone ce qui lui appartient. Feeling Good de Nina Simone donc, repris ici sur des arrangements latins par The Quantic Soul Orchestra.


Radiohead, grand groupe de pop-rock, est ici repris par les belges de DAAU (DIE ANARCHISTISCHE ABENDUNTERHALTUNG) "classiquement déraillé et avec une intention rock" qui nous servent une belle version acoustique de 2+2=5.

Hop, transition facile, avec leurs amis d’EZ3kiel, avec qui ils ont partagé une tournée où les machines électroniques se battaient férocement avec les cordes et le bois pour un live mémorable. Là EZ3kiel reprend le classique de Prokofiev The Capulets And The Montaigues avec des sonorités balkanes collant parfaitement au tragique de nos Roméo et Juliette.


On continue avec une reprise plutôt surprenante ; pas dans la forme, vu que cette version est extra fidèle. Mais on était loin de s’imaginer Saul Williams slameur qu’on à croisé dans l’excellent film bien nommé Slam reprendre Sunday Bloody Sunday de U2. Ce morceau produit par Trent Reznor de Nine Inch Nails est complètement superposable à la version original, et pourtant le travail de production lui donne sa légitimité : la pop est oublié et l’electro-rock lui (re)donne de la saveur.


Prince le mégalo-schyzo est ici repris par des pas moins nets de la caboche : Infinite Livez Versus Stade qui reprennent 1999. ILVS est composé deux suisses qui aime mélanger dans une même gamme un cri de cochon, une porte qui claque et un haut-bois… L’abus d’Ovomaltine et de bains aux herbes pouvant donner de bonnes idées. Se rajoute à ça un anglais (je crois) tombé du Mothership de Georges Clinton sur la tête de Chuck D de Public Enemy… La surprise et la déconvenue sont leur ligne de conduite !


Un groupe culte reprend un autre groupe culte : Rage Against The Machine jouant Street Fighting Man des Rolling Stones. Les deux étant planétairement connus je ne dirais rien de plus, à part que le morceau est tiré du dernier album des Rage qui est composé uniquement de reprises ; album injustement sous estimé à mon sens.


On continue avec un passage obligé dans la catégorie hommage : The Herbaliser avec Katerine (un peu avant son succès du Louxor, histoire d’éviter que The Herb ne soit taxé d’opportuniste) reprenne le thème de l’homme à la tête de chou avec des paroles originales. J’éviterais de dire mon sentiment sur les compils de reprise de Gainsbourg qui existent…


Et pour finir un truc qui vient de je ne sais où, une chanson de Noël reprise par des Coréens sur des arrangements psyché-funk… Rien à rajouter !


Il existe plein d’autres bonnes reprises qui ne figurent pas ici (je pense par exemple à Requiem pour un Con joué par FFF) ; N’hésitez pas à me donner des références.

lundi 2 mars 2009

BELLINI




Bellini c une folie; une explosion de contraste éblouissant. Ce groupe rock fondé dans les années 2000 ; par le batteur de Don Caballero « Damon Che » (usa) et deux anciens membres d’Uzeda « Giovanna Cacciola » & « Agostino Tilotta » (Italie). (Déjà ca pose l’ambiance)
Propose un très gros travail rythmique, et harmonique construits autour de désarticulation et de dissonances mélodique bien construite. Son de guitare glacial, batterie rock empruntant dans de accès de démences des rythmes monstrueux. Et puis une voie féminine dans la pure tradition du rock alternatif, tonitruante & procédé.


Du coup, a l’écoute ce dégage des émotions variés qui vous surprennent au détour d’un moment halluciné. Parfois glacial, emprunt de rage, ou d’ivresse, dépouiller direct sans concession toute en énergie. Une musique qui vient du fond des tripes, pour frapper à l’estomac.



Membres
Giovanna Cacciola - chant
Alexis Fleisig - batterie
Matthew Taylor - basse
Agostino Tilotta - guitare
Damon Che - batterie




Discographies
Snowing Sun
Small Stones
The Buffalo Song/Never again


Leur myspace:




Leur site officiel


Leur label:






Note : compositeur italien Vincenzo Bellini (1801-1835)