dimanche 16 août 2009

Willie Isz's comming!

La schizophrénie est un symptôme récurrent dans le monde du Hip Hop (Madlib, pour n’en citer qu’un), et la voilà qui frappe encore avec cette sortie de Willie Isz : Cette entité est composée du producteur-rappeur Jneiro Jarel et du Rappeur Khujo Goodie issu du Goodie Mob d’Atlanta. Et pourquoi schizophrène ? Parce que nouveau projet de Jneiro Jarel l’homme aux multiples alias : Dr Who Dat ?, Shape Of Broad Mind (groupe composé de 7 personnes dont 4 alter-ego de Jneiro Jarel), et aujourd’hui Willie Isz.

La schizophrénie, pour aller vite, se traduit par une fragmentation de l’esprit pouvant amener à des manifestations de personnalités différentes. On s’attend donc, connaissant le J.J., pour qui la multiplication des alias n’est pas une coquetterie, à ce qu’il batte des sentiers nouveaux. Et voilà la première surprise de ce Georgiavania : J.J. emmène le flow grave, rageur, sec et rythmé de Khujo Goodie sur l’autoroute du mainstream en allant retourner les codes du Hip Hop du Sud USA (Crunk, dirty South) et du R’nB… Néanmoins terrain nouveau pour le producteur !

Alors que le gros mot « mainstream » est lâché, le doute et le scepticisme pourraient pointer et nous permettre de nous complaire dans la critique des producteurs « vendant leur cul aux majors pour des ronds ». ça aurait été trop facile ! Car en effet, en plus d’être signé chez l’indépendant Lex, un temps affilié au label électro Warp (Squarepusher, Prefuse 73, ou aujourd’hui, Clark, Bibio et Pivot), ce Georgiavania ne se vautre pas dans la simplicité.
On pense ici un peu au Ghetto Pop Life de Danger Mouse et Jemini, pour la qualité du résultat, même si ces derniers sublimaient les clichés du Ghetto Hip Hop alors que Georgiavania les retourne.
Concrètement, J.J. s’attaque donc au Hip Hop sudiste avec le morceau « Georgiavania » qui se moque allègrement de Souljah Boy, mais y incorpore aussi un peu de New Wave sur des titres
tels que « Loner », « You want some » et ne manque pas de s’aventurer dans le R’nB avec « Prepare For It » ou « Violet Heart Box ».

Le disque alterne morceaux efficaces et immédiats tels que les raps « Blast Off », « Gawn Jet », « you Want Some », le surprenant « The Grussle » et sa ritournelle de violon Irlandais, et avec des morceaux moins directs, de part les styles qu’ils abordent : le New Wave « Loner » les R’nB « Prepare For It », avec son intro presque rédhibitoire pour moi, mais lorgnant du coté du Spiritual, avec des harmonies de chants d’église chantés par des ganstas barytons très surprenants, et le « Violet Heart Box » avec son refrain à la Prince et son instru arythmique.

Malgré les différentes orientations musicales qu’il emprunte, deux éléments clés lui donnent cohérence : le son aquatique et particulier de J.J. et une forte présence d’harmonies chantées tout au long du disque. En effet, les instrus, quoique riches, sont plus simples (« Georgiavania » ) que ce que J.J. a pu produire sur ses autres projets. Elles permettent de laisser place tout d’abord au flow grave, rapide et énervé de Khujo Goodie, pièce maitresse de cet album, ainsi que ceux de J.J.. J.J. affirmant aussi son envie de chanter déjà manifeste sur quelques morceaux de « Craft of The Lost Art » de « Shape Of Broad Mind ». Ensuite, l’espace laissé par les instrus permet à une multitude de pistes vocales et leurs harmoniques de s’exprimer rappellant un peu le travail de TV On The Radio (dont on retrouve justement le chanteur, Tunde Adebimpe sur plusieurs chœurs…). Et c’est grâce à ces harmoniques que les morceaux prennent du relief et gagnent en intérêt (« I Didn’t Mean To… », le final de « Prepare For It »).
On a devant nous un album surprenant s’aventurant dans des styles assez loin de Jneiro Jarel et de Khujo Goodie et donc de leurs auditeurs. On se retrouve donc devant des morceaux qui peuvent rebouter au premier abord, mais l’alternance judicieuse des styles empruntés assure une présence suffisamment récurrente de titres immédiats et de qualité. Le disque se retrouve ainsi à tourner sur la platine et on se laisse embarquer dans des morceaux a priori hostiles et à découvrir des idées subtiles, nous proposant des genres sclérosés sous un nouveau jour.

En écoute sur leur myspace: The Grussle, Gawn Jet, Blast Off et You Want Some?

1 commentaire:

Francky 01 a dit…

Salut JM. Content de relire un post sur ton blog. Je (on ?) commençais à devenir orphelin !
Pas un jour sans que je passe sur G.O.D voir les nouvelles, lors de ma promenade informatique quotidienne.

Je connais pas les rappers cités mais le son est bon. C'est vrai que depuis pas mal d'année, j'écoute beaucoup moins de hip hop.

A +