mercredi 11 novembre 2009

Pachyderme de Frederik Peeters

Me voilà bien emmerdé ! Pachyderme de Frederik Peeters est une des bandes dessinées qui m’a le plus emballée cette année (je ne serais pas surpris de la voir au palmarès d’Angoulême). Et je ne sais pas comment en parler !

Ca serait un truc obscur, un truc d’avertis, d’initiés, qui demande une culture bande dessinée conséquente, pleine de références ou des connaissances théoriques sur les jeux autour de la forme. Le problème serait réglé !

Pachyderme n’est évidemment pas dénué d’intérêt sur les points que je viens de soulever (la forme Bande dessinée par exemple, le dessin et les couleurs), mais ce n’est pas uniquement ça. Frederik Peeters fait preuve tout au long de sa bibliographie d’un sens de l’accessibilité : que se soit l’autobiographique Pilules bleues, la science fiction de Lupus, ou le réalisme de R.G., les livres de Peeters sont « faciles ». J’entends par facile cette capacité à mettre entre les mains du grand public, de tout un chacun, une discipline artistique sans la dénaturer. Je pense également à Manu Larcenet qui, lui aussi sait montrer les possibilités de son média de prédilection.

Pachyderme ne déroge pas.

Tout commence, dans un Genève d’après guerre, par Carice, notre héroïne, bloquée sur la route à cause d’un pachyderme qui a été renversé… Son mari est à l’hôpital et elle veut le rejoindre.

Le lecteur est ainsi prévenu, le récit sera fantastique ou sur une échelle de rationalité différente : réel, illusion et rêves sont entremêlés.

Il va être difficile d’en dire plus sans gâcher le plaisir de lecture. Car à l’instar d’un film de David Lynch, l’avancé dans le récit se fait à l’aveugle, on y croise des signes, des symboles, qui n’ont pas plus de sens pour les protagonistes que pour le lecteur (quoique le « P » manquant à Carice pour faire Caprice est déjà un début…).

Mais contrairement à un film de Lynch, et grâce au support bande dessinée lui-même, le décodage est aisé, on peut revenir en arrière, confirmer des choses croisées et comprendre leur signification. Frederik Peeters nous balade ainsi entre récit d’espionnage, introspection, auto-psychanalyse, dans un récit à tiroirs entre passé et présent, entre réalité et songe.

Alors voilà, on referme le livre, on a compris des choses, on a réussi à déchiffrer quelques symboles, des réponses ont surgi grâce à un jeu subtil de signes qui se répondent, d’indices dissimulés ici et là. Mais le voile n’est pas entièrement levé, on ressent une étrange sensation, finalement très proche de la couverture du livre : un vertige figé, et on a qu’une seule envie c’est d’y replonger… à la recherche de toutes les significations, même si l’on sait, que dans un rêve, il y a toujours une part d’impénétrable et que l’irrationnel est en soi une réponse…

1 commentaire:

Francky 01 a dit…

Salut.
J'ai acheté set album à sa sortie et je l'ai dévoré. J'ai adoré "Pachyderme" mais je n'arrive pas à en écrire une critique satisfaisante. Les couleurs sont somptueuses et le dessin précis. L'histoire est époustouflante d'onirisme poétique. Tu cites, à juste titre, la référence évidente à l'univers de David Lynch (mon cinéaste préféré).
"Pachyderme", album b.d 2009 ???????
A + !!!!