samedi 2 janvier 2010

AVATAR

Jake Scully, vétéran hémiplégique des marines est envoyé sur la planète Pandora par une multinationale pour remplacer son frère à cause de sa proximité génétique avec ce dernier. Pas tout a fait Abel et Caïn, pas tout à fait Rémus et Romulus... Sully est plongé dans la spirale des doubles et il nous y emportera...

Pandora est une planète abondante et chatoyante peuplée de Na’vis, humanoïdes bleus de peau vivant en symbiose avec la nature environnante.

La mission de Jake est d’incarner, dans le sens premier du terme, l’AVATAR (hybride génétique entre l’homme et le Na’vi) de son frère afin d’infiltrer le peuple autochtone pour mieux le chasser et extraire en toute tranquillité un précieux minerai.


Effectivement le nouveau film de James Cameron est un spectacle grand public, un divertissement Hollywoodien avec son lot de grosses ficelles (on connaît le déroulement du film au bout de 5 min), de caricatures (le propos écolo...) et son happy ending inévitable (ils s’aimèrent et blablabla). Oui le script n’est pas un sommet d’inventivité narrative et le scénario convenu et prévisible n’est autre qu’une histoire mille fois contée.


Oui mais...

Tout d’abord, James Cameron est un réalisateur émérite à qui on doit quelques œuvres marquantes du 20èmes siècles : Abysse, Terminator, Alien Le Retour, et bien sûr Titanic... Ces différents films ont à chaque fois été la preuve que Cameron sait se jouer des genres, se les accaparant, les sortant de leur niche pour en faire des jalons du cinéma populaire explosant à chaque fois les records : du nombre d’entrées ou bien de film le plus cher... AVATAR suivra ce même parcours.


Ensuite techniquement le film est une prouesse. A l’aide de la 3D, magnifiquement immersive, du numérique et de ces palettes de couleurs et de textures, James Cameron nous offre l’archétype d’un « monde perdu », flamboyant, foisonnant de plantes extraordinaires et de monstres fantastiques. Nous sommes entrainés dans des forêts splendides, nous plongeons à raz de falaises vertigineuses, nous participons à des batailles épiques se soulageant des contraintes des prises réelles pour offrir un spectacle en plan large, là ou d’autres films numériques se bornent à présenter des prises de vue traditionnelles (plans rapprochés, découpage haché) à la base uniquement dictées par le souci du raccord entre la doublure et l’acteur principal... Alors que Spielberg ouvrait les portes du possible avec Jurassic Park, James Cameron concrétise les possibilités visuelles promises : le numérique n’est plus seulement un artifice !


Enfin Cameron est un réalisateur intelligent et joueur. Tout d’abord il présente un film schizophrène entre le propos et le moyen : prônant un retour à la terre à l’aide d’outils numériques puissants, appelant à un niveau de conscience supérieur par le biais d’un peuple aux coutumes quelques fois primitives.

Ensuite, autour du thème de l’AVATAR et du jumeau, il tisse tout au long du film un parallèle entre l’expérience du spectateur, celle de Jake Sully et pourquoi pas celle du cinéma : d’abord l’émerveillement des possibilités, puis la confusion et les questionnements, ne sachant faire la part entre le réel et le virtuel, et enfin l’évidence. Une nouvelle vie pour Jake Sully, une nouvelle façon de montrer et de faire du cinéma, une nouvelle manière de le vivre.


AVATAR est donc l’occasion réelle de plonger dans un fabuleux monde virtuel, de vivre une expérience nouvelle de spectateur avec la 3D, de voir l’accomplissement du cinéma numérique par le biais des mythes du double et du jumeau (Jake et son AVATAR, le cinéma traditionnel et numérique). Mais si les mythes de Abel et Caïn, de Rémus et Romulus nous ont appris quelque chose, c’est qu’à l’accomplissement de leur mission, le meurtre de l'un par l'autre est inévitable : il est condition de survie... James Cameron semble avoir fait son choix, à moins que sa schizophrénie ne le reprenne !

Aucun commentaire: