dimanche 4 avril 2010

Gonjasufi: A Sufi And A Killer

Warp, le label de musique électronique vient de fêter ses 20 ans. Et histoire de brouiller les pistes, histoire de mystifier l’Histoire, histoire de préserver cette magie qui dure depuis 20 ans, histoire de prolonger le rêve né sous les acides des premières Rave Parties, confinées depuis au rang de simples rémanences, Warp se met sous protection shamanique. Bénissant les ancêtres et la descendance...

Dans le désert, Gonjasufi vit. Un homme installé aux confins des cultures de l’Amérique, au croisement des terres indiennes, de la conquête de l’ouest, de l’Eden hippies.


Mais Gonjasufi n’est pas le vieux shaman bloqué dans une époque révolue et qu’il n’a pas connu. Sa voix mystique, entre chant indien et blues rauques se pose parfaitement sur la rythmique lente, minimaliste et électronique de Flying Lotus sur Ancestor par exemple.

Mais c’est une fois qu’il a prouvé son aisance dans le contemporain qu’il s’en extirpe et part répandre sa voix nébuleuse et brulée sur les sons du producteur Gaslamp Killer. C’est avec lui que les incantations prennent toutes leurs puissances. Sur des instrumentales entre folk, world music (Kowboyz&Indians), rock (SuzieQ), voire jazz (Advice), nait un album de musique psychédélique défiant les âges. Sa plume trempée dans le mescal, sa voix brulée par le désert donnent à Gonjasufi une aisance insolente, lui permettant tour à tour de côtoyer la soul (Duet, Change), le hip hop, le toasting jamaïcain et le blues (She’s Gone).

Et ainsi, sur des musiques aux constructions simples (couplet/refrain, ou même une simple boucle le plus souvent), avec des samples et mélodies issues de l’inconscient collectif (SuzieQ, Klowdz, I’ve Given), une magie survole, une nuée de rêves et d’idéaux déchus se répandent comme un éther. Un mysticisme envoutant.

Gonjasufi, sa voix et son interprétation lâchées et illuminées s’extirpent des clichés dans lesquels les fantômes de Jimi Hendrix, ou de Jim Morrison (DedNd) auraient pu les pousser. (Gonja)Sufi et (Gaslamp) Killer nous offre un disque ou le charisme de l’homme et la complémentarité avec le beatmaker dépasse la simplicité de composition et transcende un héritage américain lourd et criard... Donne de l’ordre à ce qui n’en a apparemment pas. Certes, un ordre subjectif et personnel (à l’image de cet chronique...).


Gonjasufi: A Sufi And A Killer chez Warp.

1 commentaire:

Francky 01 a dit…

Salut JM.

Comme toujours, c'est toujours un immense plaisir pour moi que de lire un nouveau post sur cet rxcellent blog qu'est G.O.D !

Depuis quelque temps déjà, je lis ça et là des trucs sur ce chamane de Gonjasufi. Tu as parfaitement résumé son travail : voix rauque, blues et mystique sur une musique minimaliste faite de rythmes bancals, de mélodies simples et accrocheuses, navigant entre folk, rock, blues, jazz, et sacré !!!

Une sacré découverte, encore une fois de chez les incontournables anglais de WARP !!!!

Au fait, as-tu écouté "Overstep", le dernier d'Autechre ? Perso, je le trouve pas mal,plus noir. Comme si la mélancolie c'était emparée de leurs machines !!

A + + l'ami blogueur et en espérant te relire + souvent !!!!!